Les ballonnements
Éviter les ballonnements ou comment garder un ventre plat.
SANTÉ
10/29/20238 min lire


Les ballonnements portent le nom médical de météorisme abdominal : c’est la distension de l’abdomen provoquée par l’air contenu dans l’intestin grêle mais surtout dans le colon qui va se traduire par un tympanisme.
Le diagnostic
Lorsqu’on examine un patient avec un ventre gonflé pour savoir s’il est sujet aux ballonnements on va appliquer la méthode suivante :
Le thérapeute va poser sa main sur le ventre du patient, en la tapotant avec les doigts de l’autre main il peut se produire alors un bruit sonore caractéristique qu’on appelle tympanisme. C’est de cette manière qu’on sait si un patient à trop d’air dans son colon.
Les ballonnements sont un des symptômes les plus fréquents en gastroentérologie souvent associés aux flatulences.
Les ballonnements ne sont pas graves en soient mais peuvent rapidement empoisonner la vie de ceux et celles qui en souffrent. C’est un symptôme qui peut être associé à des troubles du transit, à des douleurs abdominales, au syndrome de l’intestin irritable ou au SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth). Les ballonnements peuvent aussi être uniques, isolés, sans douleur ni liés à des problèmes de transit.
Les ballonnements peuvent être épisodiques lorsqu‘on a par exemple un repas de fête trop gras, trop alcoolisé et amplifiés en se couchant coucher tard. Cela va favoriser une lenteur à la digestion associée à un retard de la vidange gastrique provoquant la formation d’une fermentation colique excessive.
Lors d’un repas tout de suite après avoir mangé certaines personnes peuvent sentir leur ventre se distendre sans forcément avoir de l’air dans le colon. Ces personnes ont une hypersensibilité viscérale : les abdominaux vont se distendre de façon importante perturbant le fonctionnement du diaphragme. La paroi intestinale aura alors tendance à descendre provoquant un gonflement du ventre vers l’avant.
Ce ballonnement peut apparaître immédiatement après le repas ou plusieurs heures après. Dans certains cas ils peuvent même être permanents.
D’autres facteurs peuvent aggraver le problème de ballonnement comme par exemple un poids excessif, le fait d’avaler trop d’air lors d’un repas ou encore avoir une paroi abdominale pas suffisamment tonique.
Il existe différents gaz présents dans le colon (hydrogène, méthane, azote, dioxygène) générés par la fermentation colique des bactéries intestinales.
Naturellement nous avons tous des gaz dans le colon. Le problème apparait dès l’instant que l’individu s’en rend compte par un ventre qui gonfle ou un inconfort abdominal. Il faudra toujours vérifier qu’il n’y a pas eu une prise de poids récente ou une paroi abdominale atone sans muscle qu’on attribuerait automatiquement la distension liée au gaz contenu dans le colon.
Les FODMAP
F – fermentescible
O – oligosaccharides – (fructosanes [FOS] et galactanes [GOS])
D – disaccharides – lactose
M – monosaccharides – fructose
A – and (et)
P –polyols
Certains types d’aliments qu’on appelle les FODMAP qui sont des sucres complexes contenus dans une large majorité d’aliments de différents types (légumes, céréales complètes, fruits…) sont susceptibles par leur fermentation de provoquer des inconforts digestifs et donc des ballonnements.
Quand ces FODMAP (des fibres provenant des glucides complexes avec une certaine structure) arrivent dans le colon les bactéries vont activer leur fermentation en dégageant des gaz (méthane, hydrogène, azote...). Suivant les individus cette fermentation colique va induire une production de gaz différents. Pour une alimentation identique entre deux individus, la production de gaz dans le colon n’aura aucune conséquence pour l’un d’entre eux alors que pour l’autre la fermentation colique sera excessive et provoquera des ballonnements. Cela dépend de la particularité et de la spécificité du microbiote de la personne donnée.
Le régime séquentiel
Le docteur William Berrebi a mis au point le régime séquentiel qui permet d’identifier les groupes d’aliments auxquels le patient est intolérant ou hypersensible et lui évitera de retirer dans sa diète une trop grande partie des aliments. La méthode est donc de retirer chacun leur tour une catégorie d’aliments pour déterminer ceux qui posent problème au patient.
Le gluten
La situation est plus complexe à évaluer car les patients font souvent des régimes en retirant toute nourriture contenant du gluten de leur alimentation sans un véritable suivi médical. D’où la difficulté pour le thérapeute de déterminer quel type d’aliment produit les troubles intestinaux.
Le régime séquentiel va chercher quel type d’aliment pose problème pour l’individu. On va lui faire retirer une famille d’aliment afin de constater s’il y a une amélioration dans son transit intestinal. De cette manière on constitue une liste d’aliments à retirer. Par exemple, on commencera par les produits céréaliers puis ensuite les légumineuses et enfin les oléagineux. Au fur et à mesure qu’on enlève les aliments qu’il ne tolère pas, le patient aura une vision plus claire pour constituer ses propres menus de façon autonome.
Il existe différents niveaux d’intolérance ou hypersensibilité au gluten pouvant aller d’un léger inconfort digestif à la maladie cœliaque, maladie auto-immune pouvant être parfois grave. Cette maladie toucherait 1% de la population française dont seulement 20% seraient diagnostiqués. On pourrait être touché par la maladie cœliaque sans le savoir car les symptômes sont parfois peu marqués. Le malade en suivant naturellement un régime sans gluten va rendre les anticorps faussement négatifs lors du test de la maladie.
Retirer le gluten pendant 14 jours va permettre de poser véritablement un diagnostic. Le patient va montrer des signes d’amélioration significatif avec un transit normal sans douleur ni ballonnement. Dans ce cas là on va parler d’hypersensibilité au gluten. Il ne faudra pas retirer complètement les aliments contenant du gluten mais trouver la quantité seuil que le patient peut tolérer. A partir d’un aliment on va au fur et à mesure augmenter le grammage. Par exemple, le patient pourra débuter avec 50 grammes de pâtes dans son alimentation puis augmentera la quantité à chaque repas pour trouver la limite à ne pas dépasser avant que les troubles digestifs apparaissent. Il s’agit de mettre en place cette méthode pour chaque famille alimentaire susceptible de provoquer un désordre intestinal. De cette manière on ne retire pas complètement un groupe d’aliments car ces derniers peuvent contenir des micronutriments comme des fibres des vitamines ou encore des oligoéléments intéressant pour la santé de l’individu.
On procédera de la même manière pour les aliments contenant du fructose contenu principalement dans les fruits, fruits secs et quelques légumes notamment.
On va conseiller au patient les fruits qui contiennent peu de fructose comme les fruits rouges en saison et les agrumes. On évitera de consommer les autres types de fruits avant de les réintroduire par étape.
D’autres facteurs pouvant provoquer des ballonnements :
Les crucifères : choux, brocolis, chou fleurs, choux de Bruxelles. Ils font partis des FODMAP contenant une grande quantité de raffinoses. C’est une combinaison de sucres très particulière. Le corps humain ne dispose pas des enzymes capables de les digérer en quantité suffisante. Ces raffinoses arrivent encore plus intactes que les autres FODMAP dans le colon qui va induire plus de travail de fermentation.
Les légumineuses : pois chiches, lentilles.
Les hormones : certaines hormones qui interviennent dans le fonctionnement de l’estomac lors de la vidange gastrique. Elles jouent aussi un rôle dans la formation de gaz et l’hypersensibilité viscérale qui va augmenter la sensation de distension abdominale sans avoir forcément un volume excessif de gaz dans le colon. Cela peut apparaitre chez la femme au moment des règles ou de la grossesse indépendamment de la prise de poids due à la présence du bébé dans le ventre. C’est une période où la modification hormonale chez la femme est importante.
L’âge : le vieillissement a tendance à faire ballonner plus souvent. Le microbiote avec l’âge s’appauvrit avec moins de variétés bactériennes intestinales accentuant les intolérances alimentaires. Certains aliments qu’on supportait plutôt bien pendant la jeunesse deviennent en vieillissant moins bien tolérés
Peut-on réduire ou éliminer ces gaz intestinaux ?
Il faut avant tout agir pour réduire la fermentation. On va chercher réduire les gaz contenus dans l’intestin en absorbant par des traitements thérapeutiques ou bien en limitant les aliments provoquant la fermentation.
Les solutions
Avant de tester les solutions présentées ci-dessus il est indispensable de consulter son médecin traitant ou un professionnel de santé. Même si certains traitements sont dits naturels ne jamais les prendre sans un avis médical.
Les probiotiques vont aider à la dysbiose parfois responsable des ballonnements excessifs.
Le charbon végétal activé : issu de l’écorce de la noix de coco qui a été carbonisée après avoir était chauffée en deux étapes à des hautes températures afin d’en retirer un charbon. Il permet d’absorber les bulles de gaz dans l’intestin. Le charbon végétal actif a la capacité d’adsorber jusqu’à 100 fois son volume de gaz contenu dans le colon. Il peut se prendre soit sous forme de gélules soit en poudre. En général il est prescrit en cure pendant une dizaine de jours pendant un mois pour éviter un défaut d’assimilation des nutriments. Il faudra également veiller à ne pas l’associer avec d’autres traitements car il pourrait réduire l’effet actif des autres médicaments.
Certains massages avec de l’huiles essentielles de menthe poivrée peuvent avoir un effet bénéfique sur certaine personne. Attention tout de même, la menthe poivrée est contre indiquée chez la femme enceinte.
L’activité physique : des études ont montré que l’activité physique, en particulier le sport diminue d’un facteur 2,5 le risque d’apparition d’un syndrome de l’intestin irritable. De plus, elle améliore la qualité de vie des patients qui souffrent de ballonnements par une action anti-inflammatoire. Elle va permettre au microbiote intestinal de fabriquer des substances anti-inflammatoires, anti-cancéreuses, régulatrices de la glycémie notamment le butyrate.
D’autres problèmes liés aux ballonnements
Les flatulences peuvent avoir un lien avec les ballonnements mais n’en sont pas forcément une conséquence. C’est le sulfure d’hydrogène contenu dans l'intestin qui donne cette odeur caractéristique d’œuf pourri des flatulences. Si cela se produit plus de 10 à 15 fois par jour avec production de mauvaise odeur cela peut être le signe d’un dysfonctionnement au niveau digestif. Derrière le tabou peut se cacher un véritable problème de santé dégradant la qualité de vie de l’individu. Les causes des flatulences sont multiples :
Le vieillissement par la perturbation du microbiote va dégrader la fonction digestive.
Chez la femme qui a connu plusieurs grossesses, le sphincter anal devient moins performant et sa capacité de retenir les gaz diminue.
Les éructations (ou rôts) peuvent être associés aux ballonnements dans le cadre de la dyspepsie (regroupe tous les troubles au niveau du tube digestif) : présence de symptômes mais aucune lésion lorsqu’on fait une endoscopie digestive. Afin d’approfondir le diagnostic on va vérifier la présence d’un certain type de bactéries comme l’helicobacter pylori, ou H. pylori pouvant générer une dysbiose gastrique, donc un déséquilibre du microbiote.
Il faudra aussi vérifier par une échographie l’état de la vésicule biliaire, la santé foie et la glycémie car certaines formes de diabète peuvent être associés à la gastroparésie diabétique (sensation de lourdeur après manger).
Il ne faut pas confondre une gastrique qui est une inflammation observée par un diagnostic endoscopique. Les problèmes d’éructation sont du domaine de la dyspepsie.
Les boissons gazeuses, le tabac, l’alcool, le chewingum, le fait de manger rapidement, les aliments gras et épicés peuvent engendrer, des éructations
Il faudra privilégier de l’eau plate contrairement à la croyance populaire comme quoi l’eau pétillante améliore la digestion.
Là encore les probiotiques peuvent être intéressant pour réduire l’éructation.
Sources : Podcast du Docteur William Berrebi sur la chaine Youtube BeurFM